STEPHANE NOËL (view gallery)
Sa démarche artistique
Ses projets se déroulent, en général, en trois étapes :
En premier, il y a la rencontre, il passe beaucoup de temps à écouter, partager, expliquer sa présence. L’appareil photo n’est alors qu’une sorte de passeport, de visa, de prétexte pour aller à la rencontre de l’autre. Pour lui, c’est un peu comme une thérapie personnelle pour apprendre d’autres cultures, d’autres vies et probablement aussi pour mieux se comprendre lui-même. Lors d’un premier voyage, il ne fait pas ou très peu de photos. Une vraie relation de confiance et de respect de part et d’autre doit s’installer petit à petit.
Dans un second temps, vient la prise de vue. Etant donné la relation instaurée préalablement, il reçoit en général beaucoup. Ayant travaillé longtemps au moyen format argentique, il a gardé l’habitude de ne pas ‘mitrailler’. Il fait très peu de photos, il est plus à la recherche de l’émotion, d’un partage honnête et sincère, d’une vérité qu’il obtient plus par le dialogue, l’échange de regard, l’ouverture et le respect quand ‘shootant’ en rafale caché derrière son boitier. Il a constaté avec le temps, que ça met souvent mal à l’aise et empêche les gens de se livrer. Les gens jouent plus un rôle et ne sont plus eux mêmes. Pour les mêmes raisons, il voyage très souvent seul, sans équipe, assistant ou matériel ‘spectaculaire’. Il veut aller au-delà de la perfection technique, il veut l’émotion, estimant que chaque être est unique, avec les traces de son propre vécu, son âme et son cœur.
Enfin, troisièmement, le tirage… Dans la plupart des cas, il tire ses photos à la gomme bichromatée (technique d’impression par contact en plusieurs couches, procédé pigmentaire datant du milieu du 19ème siècle) qu’il a un peu adaptée par rapport à ses besoins. Mis à part les qualités de stabilité incomparable de ce procédé et le caractère unique de chaque tirage (impossible à reproduire à l’identique), il a fait ce choix car il aime prendre le temps d’aller au bout des choses. Dans son cas, il peut travailler jusqu’à une dizaine de jours pour réaliser un tirage. Par amour pour les matières, le toucher, cette méthode artisanale lui permet de réellement interpréter les tirages suivant les émotions et les sensations ressenties. C’est le meilleur moyen qu’il ait trouvé pour pouvoir s’exprimer.